La Stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030  a pour objectif "promouvoir la santé sexuelle et l’éducation à la sexualité". Parler de sexualité avec un enfant, c’est aussi aborder l’impact des réseaux sociaux dans la vie affective et sexuelle, les stéréotypes de genre (masculin/féminin), les questions d’identité et d’orientation sexuelles, la lutte contre les violences et les discriminations sexistes ou homophobes, les phénomènes d’hypersexualisation et plus globalement bien-sûr, toute la dimension affective et émotionnelle de la sexualité.

Quel est le rôle du planning familial dans l’éducation à la sexualité ?

« Le planning familial est un établissement pour la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS). Il assure une mission de service au public sur tous les sujets liés au corps, à la sexualité, la contraception, l’avortement... On peut venir au Planning, pour comprendre si la relation qu’on vit est normale dans tous les aspects de la vie relationnelle (relation familiale, amicale ou amoureuse). On peut parler de tout ce qui est lié à la violence verbale, physique, psychologique, sexuelle, matérielle ou financière. Les activités du planning sont beaucoup plus larges que la contraception ou l’avortement. Nous recevons des personnes seules, des familles ou des couples. C’est un lieu de paroles et d’échanges anonyme, confidentiel et gratuit sur rendez-vous ou sans rendez-vous le mercredi après-midi à La Roche-sur-Yon. 

Le planning intervient aussi à la demande dans les établissements scolaires : école primaire, collège, lycée et maisons familiales rurales (MFR) et aussi en direction des professionnels qui sont en contact avec des adolescents ».

Quelles sont les questions les plus fréquentes ?

« Pour le public jeune, ce sont souvent des questions sur les maladies sexuellement transmissibles, les dépistages, les premières relations sexuelles qui ne se sont pas bien passées.. Le problème est qu’aujourd’hui les jeunes s’informent d’abord sur Internet, Tik tok ou Telegram  et les informations qui circulent peuvent être gravement fausses et pourtant elles se répètent à l’infini sur différents canaux. La répétition et la viralité font que les jeunes croient à des choses totalement fausses. J’ai de nombreux exemples, je vous en cite deux, entendues des dizaines de fois par des jeunes.
« Si de l’air entre dans le vagin d’une femme, on peut la blesser ou la tuer, le vagin peut exploser »
« On peut savoir si une femme est enceinte, en mélangeant de l’urine avec de la javel et si ça mousse, elle est enceinte ».
En fait, ils ont une connaissance beaucoup plus large, plus ouverte que les générations précédentes mais cela décuple une forme d’ignorance ».

Comment s’informent-ils ?

 « Contrairement aux générations précédentes, ils sont très informés principalement via les réseaux sociaux ou Internet. Très jeunes, ils voient beaucoup d’images ou de vidéos bien avant d’avoir la maturité pour comprendre, sans avoir de connaissances sur leur propre anatomie. Cela peut produire des conduites à risque. L’exemple qui m’est souvent cité est l’utilisation de feu d’artifice dans les fesses, dans mes interventions dans les classes, 80% des éléments dont ils me parlent sont à reprendre. Ils ont une vision faussée de la réalité. Ils utilisent PH (Pornhub), Télégram, Tik tok ou des groupes Instagram. Ces groupes leur proposent des images même s’ils ne le demandent pas, c’est impossible pour un jeune même pour ceux qui n’ont pas de smartphone de ne pas être face à des images pornographiques ». 

Faut-il plus d’informations sur la sexualité ?

« Selon le Code de l’éducation, chaque établissement scolaire doit organiser trois séances d’éducation à la sexualité par an. L’objectif est de promouvoir une éducation à la sexualité fondée sur le consentement et le plaisir pour prévenir les violences sexistes et sexuelles. Le problème, c’est que la loi n’est pas appliquée. D’une manière fréquente, il y a plutôt 3 séances sur l’ensemble de la scolarité. Les réseaux sociaux via des influenceurs façonnent la perception de la sexualité chez les jeunes en offrant à la fois un espace d’éducation et de partage beaucoup plus libre et aisé qu’avant, mais aussi en exposant des normes, des croyances et des informations souvent biaisées ou irréalistes. Il faut un accompagnement parental et/ou éducatif pour développer un regard critique face à ces contenus. Il faut que les établissements scolaires jouent leur rôle éducatif ».