Accompagner les adolescents vers l’autonomie

Le passage de l’adolescence à la vie d’adulte est un moment important de la vie. Une période souvent associée à la crise d’adolescence, un processus nécessaire pour devenir adulte et sortir de l’insouciance de la protection familiale. Une phase délicate dans la vie familiale, alors comment les parents peuvent aider leurs enfants à prendre leur autonomie sans prendre des risques irrémédiables ? Ce conflit vécu par l’adolescent entre attachement et détachement implique la famille au sens élargie mais a aussi des implications avec le mode de vie et l’évolution de la société.

Se séparer pour grandir

Les manières de se séparer ont évolué au fil du temps et sont différentes d’une société, d’une génération, à l’autre. Avant, il y avait les bals, le service militaire, une forme d’accompagnement collectif vers l’indépendance. Aujourd’hui, les marqueurs sont plus flous, les jeunes sont obligés de faire des efforts pour se séparer, la prolongation du temps d’études, les coûts du logement…font que les jeunes continuent à habiter sous le toit familial, « je pars mais je peux revenir ». Le temps de l’adolescence s’allonge, il ne s’agit plus vraiment de se séparer, mais de se donner le sentiment de se séparer. On reste dépendant économiquement. Les modalités de séparation ne relèvent pas de l’évidence. Il faut les faire accepter et le flou peut produire des désaccords :  
- les actes de désynchronisation, le refus de vivre au même rythme que le reste de la famille, 
- les situations d’urgence par exemple préparer un examen la veille,  
- les refus de valorisation, « Je suis nul ». 
- les espaces d’autonomisation,  la chambre, le monde numérique. Dans un monde connecté, le smartphone instaure une nouvelle norme, l’idée d’être joignable en permanence. « un pacte de connexions » implicite ou explicite.

Pour approfondir l’évolution de la séparation à l’adolescence, suivre la conférence « Se séparer pour grandir » de Jocelyn Lachance, chercheur en sociologie à l’université de Pau organisé en juin 2024 par les Maisons des adolescents en Pays de la Loire - durée 1h30.

Rencontre avec Peggy Guilmineau

Directrice de la Maison départementale des adolescents (MDA)

Pourquoi les parents doivent aider leur enfant à prendre de l’autonomie ? 
« L’adolescence, c’est un processus de changement dans la vie d’une personne et d’autonomisation. Le jeune va avoir besoin de son parent pour se séparer tout en étant sécurisé sur le fait qu’il puisse être soutenu et à la fois se différencier et construire son identité propre, indépendamment de ses parents et de son entourage familial. Le rôle du parent c’est de garder de la souplesse, aider son jeune à faire ses propres expériences tout en étant sécurisant et cadrant. Pour le parent il s’agit d’être à la fois suffisamment présent et de laisser le jeune partir et expérimenter sa vie. La période d’adolescence peut être une période de conflit important pour les parents et les ados, ce n’est pas forcément anormal. Le jeune a besoin d’aller faire son expérience en dehors du cercle familial. C’est vraiment un jeu d’équilibriste entre le lâcher prise pour que le jeune se sente suffisamment sécure pour pouvoir faire ses expériences et aller explorer le monde par lui-même et à la fois tenir la corde pour qu’il ne se mette pas totalement en danger, qu’il conserve des repères et qu’ilsente que si il allait trop loin, ses parents seraient à nouveau là pour poser le cadre et redire qu’il y a des limites. Il y a des lois et des règles pour vivre dans la société, et également dans la vie familiale.

Pourquoi l’adolescence peut être une période à risque ? 
Notre société est complexe, on vit des crises sociétales successives avec des guerres, des attentats, de la précarité, une crise sanitaire…les ados qui sont eux même en processus de changement sont particulièrement sensibles à ces changements et à ces crises. Et les adultes sont aussi dans une forme de sidération de tous ces événements et peuvent exprimer une certaine forme de peur. Les parents n’arrivent parfois plus à rassurer leurs ados et à les convaincre que cela va bien se passer. Le cerveau des ados n’est pas un cerveau mature et cela les rend extrêmement sensibles au climat anxiogène. C’est important que les parents et les professionnels soient rassurants et cadrants et conservent une conscience en l’avenir. Oui c’est anxiogène autour mais il est important quand on est parent de rester présents, confiants et de faire appel à des professionnels si besoin. La place des écrans renforce l’individualisme dans la famille et il est donc important de veiller à conserver ces moments d’échange et de collectif.

Quel le rôle des Maisons des adolescents* ?
Ce sont des structures de prévention, d’accueil de tous les jeunes de 11 ans (entrée au collège) à 21 ans révolus. Les jeunes peuvent venir de manière spontanée et sur rendez-vous ou conseillée par un professionnel ou un proche... Le siège est situé à La Roche-sur-Yon, il y a une antenne à Fontenay-le-Comte et 17 permanences sur tout le département. La MDA c’est à la fois un lieu d’accueil, d’écoute, d’évaluation de situation et de prévention et d’orientation si nécessaire. La MDA est un lieu d’accueil du jeune: anonymat et confidentialité leur sont garantis . 
Nous sommes une équipe pluridisciplinaire : une médecin coordinateur pédopsychiatre, des temps de gynécologue, de pédiatre, de diététicienne, de secrétaire d’accueil et une équipe d’accueillants composée de  psychologues, d’infirmiers, assistantes sociales, animateurs de prévention et des éducateurs spécialisés. Ce n’est pas un lieu d’accompagnement thérapeutique mais un lieu qui peut lorsque c’est nécessaire orienter et faciliter l’accès à des soins plus spécifiques. 
On a trois grand champs d’actions : l’accompagnement des jeunes, le soutien à la parentalité et être un lieu ressources pour les professionnels intervenant auprès des jeunes. C’est vraiment un regard pluridisciplinaire pour une situation.

Quels sont les questions exprimées par les jeunes ? 
L’adolescence, c’est vraiment un processus ; nos professionnels sont formés sur toutes les problématiques adolescentes, sur cette période qui est charnière dans la vie de toutes les personnes. On reçoit les jeunes pour toutes les questions qu’ils peuvent se poser sur leur vie. Cela va du mal être simple d’anxiété, aux crises d’angoisse, scarifications au risque du passage à l’acte suicidaire, troubles alimentaires ou du sommeil, des problèmes de refus de scolaire anxieux au décrochage scolaire, des difficultés en lien avec la scolarité au harcèlement, des difficultés amicales, affectives ou de la sexualité, les questions de genre, des conflits avec les parents…On rencontre toutes problématiques vécues par les adolescents. Souvent on intervient sur du court terme ou du moyen terme mais si il y a besoin d’un accompagnement plus long, on peut orienter vers des services spécialisés. Les jeunes qu’on voit le plus, ce sont les 14-18 ans mais cela a tendance à se rajeunir.

Comment les jeunes arrivent à la MDA ?
Il y a différentes façons, souvent les établissements scolaires, cela peut être le bouche à oreille, le jeune vient de lui-même, la famille ou le médecin généraliste ou les intervenants du champ médico-social.

Que peut on conseiller aux parents qui vivent une situation de crise avec leur adolescent ?
Si j’ai un conseil à donner aux parents, c’est de ne pas rester tout seul, faire appel à des professionnels parce que le jeune n’aura pas envie de se confier à ses parents d’autant plus si le jeune sent son parent fragilisé ou qu’il ne veut pas l’inquiéter. En tant que parent, nous ne sommes pas toujours les mieux placés en tant que parents pour les rassurer. Ne pas hésiter à trouver des personnes tierces à la MDA, à l’école auprès d’amis, du médecin généraliste… Il ne faut pas rester seul face à ces difficultés là.

Un conseil à un jeune ?
De la même manière, il faut utiliser les lieux ressources, il y a des lieux où le jeune peut avoir une écoute de manière anonyme ou non. Dans la limite du possible en lien avec la protection du jeune, nous respecterons toute la confidentialité de l’entretien avec le jeune, il peut venir se confier, poser toutes questions sur toutes problématiques qu’il souhaite. 
La MDA est ouverte du lundi au samedi midi à La Roche-sur-Yon. Le jeune peut venir spontanément ou sur rendez-vous.

*Il y a des Maisons des adolescents dans tous les départements. En Vendée, il s’agit d’un groupement d’intérêt public gérés par des membres d’institutions partenaires : le Département, le Centre hospitalier Georges Mazurelle, l’Education nationale, l’ARS (Agence régionale de santé), la Caf, des communes et EPCI…

En Vendée

Des structures relais donnent au jeunes des informations pour s’exprimer, trouver un job, répondre à des questions personnelles touchant la sexualité, le mal être, le besoin d’autonomie :

La Maison des adolescents (MDA) écoute et oriente.

Fil santé jeune : les questions sur la santé

Planning familial

Réseau Infos-jeunes : un site ressources en Pays de la Loire

Les promeneurs du net des animateurs en lien avec les jeunes via les réseaux sociaux.

Le 14bis à La Roche-sur Yon lieu d’informations pour les jeunes.

Les missions locales présentes sur tout le département sur des problématiques d’emploi pour les 16-25 ans.

Les aides de la Caf pour l’obtention du Bafa, Vérifiez ⚠️:  si votre collectivité territoriale propose une aide complémentaire pour l’obtention du BAFA.

Pour financer un projet collectif (12 à 25 ans), je peux postuler à la bourse initiative Jeune Vendée.

Le dispositif argent de poche qui offre la possibilité à des jeunes âgés de 16 à 18 ans d’effectuer des petits chantiers de proximité en contrepartie d’une indemnisation.

Plan Vendée double coeur : une bourse du bénévolat pour les 16 - 25 ans.

Le Pôle ressources handicap aide les jeunes en situation de handicap à trouver des activités de loisirs.

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